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Entreprises

Les PME s’enfoncent dans la crise

| 19 juillet 2012 | L'Entreprise

Le magazine L’Entreprise a rencontré le Directeur général délégué de GE Capital France qui redoute une augmentation des défaillances d’entreprises à la rentrée compte tenu de l’allongement constaté des délais de paiement. Et prône une véritable politique de réindustrialisation.

 

 « Alors que les délais de paiement interentreprises étaient relativement bien tenus depuis le début de l’année, nous notons une nette dégradation de la situation depuis trois ou quatre mois », souligne Patrice Coulon, Directeur général délégué de GE Capital France, filiale de la branche financière du groupe américain General Electric. Une détérioration qui porte en son sein l’annonce d’une fin d’année très difficile, constate le dirigeant de cet établissement financier spécialisé dans le financement des entreprises. « Depuis janvier les retards de paiement ne dépassaient pas trois jours, quand le délai de paiement moyen était de 55 jours soit en dessous du seuil légal de 60 jours. Mais désormais ces retards avoisinent les dix jours, constate Patrice Coulon, et les négociations avec les fournisseurs se multiplient, signes avant coureur de sérieuses difficultés de trésorerie des entreprises. » Le tout dans un contexte très morose marqué par la hausse du nombre de défaillances d’entreprises et le séisme économico-social de PSA qui va peser lourdement sur les sous-traitants de l’automobile.

L’allongement des délais de paiement est particulièrement marqué dans cinq régions selon GE Capital : Provence Alpes Côte d’Azur, Nord-Pas-de-Calais, Centre, Lorraine et Alsace, où les défaillances d’entreprise sont traditionnellement supérieures à la moyenne nationale. Ces régions à forte tradition industrielle et forte concertation de sous-traitants sont aujourd’hui fragilisées. La région Paca est en outre frappée également par le recul de l’activité touristique. Conclusions : la rentrée risque d’être très difficile alors que risquent de se multiplier les cessations de paiements.

 

Des marges de manœuvre réduites

« Ce qui est très préoccupant c’est que les dépôts de bilan semblent toucher prioritairement les grosses structures de plus de 250 salariés et 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, avertit Patrice Coulon, avec un nombre important de mise en liquidation judiciaire immédiate sans espoir de rebond. Des défaillances qui s’expliquent par le fait que nombre d’entreprises frappées par la crise de 2008-2009 ont réussi à passer l’épreuve en optimisant au mieux leurs coûts de structure et en mettant en oeuvre des moratoires sur les échéances sociales et fiscales. À présent leur marge de manoeuvre est souvent réduite à néant. » Un contexte qui explique sans doute l’attentisme qui prévaut aujourd’hui sur le marché du financement des entreprises. Alors qu’au printemps dernier les PME françaises disaient vouloir investir 50 milliards d’euros en 2012 selon une étude européenne réalisée par GE Capital, principalement pour acquérir de nouveaux matériels, elles semblent à présent tétanisées par l’incertitude qui pèse sur l’économie européenne. « Les entreprises préfèrent faire durer leur matériel même au prix d’un alourdissement des frais de maintenance et revoient à la baisse leur stratégie d’investissement « , constate le Directeur Général Délégué de GE Capital France, qui réalise 45 % de son activité dans le financement court terme des entreprises (besoins de trésorerie grâce à l’affacturage), 35 % dans le moyen terme sous forme de leasing et 20 % dans la location longue durée de véhicules.

 

Une crise plus profonde qu’en 2008

« En 2008 la crise post-Lehmann Brothers avait mis un coup d’arrêt brutal aux activités en stoppant net les investissements, explique Patrice Coulon. Mais dès le second semestre 2009 la situation avait commencé à s’améliorer. Aujourd’hui la situation est très différente, plus sournoise : tout le monde sait que la crise actuelle va être durable. Il y a une grande incertitude européenne et les chefs d’entreprises ont le sentiment que l’on s’enfonce sans espoir réel de reprise. »

Pour autant le Directeur Général Délégué de GE Capital France estime que la France peut encore se sortir de l’ornière à l’heure où l’économie américaine redémarre y compris dans l’immobilier. Pour peu que notre pays se dote d’une véritable politique de réindustrialisation. Sceptique à cet égard sur la mise en place d’une grande banque publique d’investissement voulue par le gouvernement Ayrault, le financier estime au contraire que la boîte à outil est aujourd’hui suffisante pour accompagner les entreprises. À condition de doter Oséo (dont GE Capital est partenaire aux côtés de la CGPME) des 10 à 20 milliards d’euros attendus pour la Banque d’investissement. Et de mieux faire fonctionner les relations entre les différents acteurs du système.

 

Une ambition de challenger

GE Capital France affirme être un partenaire financier nouveau pour les entreprises « capable d’intervenir sur des dossiers où personne ne veut aller », souligne son directeur général délégué en prenant l’exemple du groupe Doux, pour lequel GE a monté en urgence une solution d’affacturage. « La genèse industrielle du groupe GE fait notre différence et la valeur de notre expertise », affirme Patrice Coulon en soulignant que son établissement ne propose que du financement spécialisé adossé à des actifs (créances commerciales, actifs mobiliers : machines, véhicules.....). GE Capital emploie 1 200 personnes en France avec une quinzaine d’agences réparties dans les principales agglomérations. Le groupe gère 35 milliards d’euros de créances commerciales, 1 milliard d’euros de contrats de leasing et un parc de 100 000 véhicules en flotte d’entreprise.

 



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