Les portes de Lille Grand Palais viennent tout juste de se refermer sur la première édition lilloise du forum des Nouvelles Matières Premières (NMP),le rendez-vous national et annuel de l'industrie du recyclage. L'occasion de vérifier la montée en puissance d'une filière qui innove en mode projets sans délocaliser ses emplois.

Organisé par la FEDEREC, la fédération mal connue des industriels du recyclage, ce forum achevé jeudi soir fut inauguré par Bruno Lechevin, un enfant de Sallaumines devenu président de l'ADEME par décret en Conseil des ministres la semaine précédente. Dans son sillage et suite à sa toute première prise de parole publique, tout l'organigramme de l'agence d'État pour la maîtrise de l'énergie et l'environnement. De l'avis général, la qualité de la « volonté collective et la cohérence entre les acteurs de la région du Nord » s'imposent et se singularisent par rapport aux autres grandes régions industrielles de taille comparable.

De bouteille à bouteille

Autre clin d'oeil, le président national de la FEDEREC est également nordiste et dirige Nordpal Plast, un recycleur plastique adepte du concept « de la bouteille à la bouteille », la recyclée étant réutilisée à la place de la toute neuve - exemple type d'un autre concept, celui d'écologie industrielle. « La raréfaction des matières premières et la volatilité de leurs prix, associés à la nécessité de protéger l'environnement en font un maillon essentiel du débat sur l'avenir de l'industrie », estime Jean-Philippe Carpentier, dirigeant de Nordpal Plast.

Blaringhem accueille plusieurs usines

Aujourd'hui, les recyclages s'affinent et pèsent sur l'emploi. En région, les projets se multiplient autour des fleurons tels qu'Envie2E (écrans télé), Galloo (plastiques), Le Relais (isolant Métisse), Terra Nova (déchets électroniques), Veolia ou Sita, les deux monstres industriels du marché. À Blaringhem, Baudelet - 300 salariés pour 110 millions d'euros de chiffre d'affaires et un site nouveau tous les six mois - transforme les déchets en briquettes de bois, biogaz, lave-glace ou lingots d'aluminium. L'entreprise familiale s'apprête à ouvrir deux nouvelles unités à Blaringhem. La première en mai pour 50 000 tonnes de déchets organiques entrants et 7 millions d'euros d'investissement pour produire du méthane et du compost. La seconde dans la foulée pour la plus grosse presse de matières organiques de la région, une capacité de 120 000 tonnes de matières par an à transformer en 15 000 tonnes de combustible pour la cimenterie Holcim de Lumbres, située à une dizaine de kilomètres de Blaringhem.

L'écologie industrielle

Les déchets des uns deviennent la matière première des autres. L'écologie industrielle, née avec le projet Écopal dans le Dunkerquois, mobilise de plus en plus d'acteurs. Jusqu'à l'essentiel, la diminution du gisement de déchets en amont devant éviter trop de traitements en aval. D'un côté, moins de déchets pour une sobriété bénéfique à l'environnement. Mais de l'autre, leur collecte et leur valorisation loin des incinérateurs et des décharges soutiennent une croissance verte permettant justement d'économiser les ressources...

Yannick Boucher, La Voix du Nord

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